Maud Fontenoy, ex-navigatrice profondément engagée dans l’écologie terrestre et maritime, nous met en garde aujourd’hui face aux dangers des phtalates pour les mers et océans. En effet, on retrouve de plus en plus de ce composé chimique dans nos eaux naturelles. Mais quels en sont vraiment les dangers ?
Que sont exactement les phtalates ?
Les phtalates sont une famille de composés chimiques utilisés principalement pour fabriquer du polychlorure de vinyle (PVC) ou du vinyle souple et souple. Les phtalates sont utilisés dans des centaines de produits dans nos maisons, hôpitaux, voitures et entreprises.
Les phtalates sont largement sélectionnés pour ramollir le vinyle sont utilisés en raison de leur forte performance, leur durabilité et leur stabilité. Parce qu’ils sont utilisés pour ramollir le vinyle et le rendre flexible, on les appelle dans ces applications des « plastifiants ». Ces plastifiants à base de phtalate sont liés au matériau dans lequel ils sont ajoutés ; ils ne migrent pas facilement hors du produit ou ne s’évaporent pas.
Les phtalates sont les plastifiants les plus couramment utilisés dans le monde et sont classés en deux catégories, selon leur poids moléculaire.
On trouve d’une part les phtalates élevés à la durabilité accrue. On les retrouve notamment dans les produits en PVC tels que les fils et câbles, les revêtements de sol, les revêtements muraux, les films auto-adhésifs, le cuir synthétique, les tissus enduits, les toitures et les applications automobiles.
Les phtalates à faible teneur sont quant à eux couramment utilisés dans les dispositifs médicaux, le PVC à usage général, les adhésifs, les encres et les cosmétiques.
Océans, mers et phtalates : quel rapport ?
Le plastique est omniprésent. C’est dans notre nourriture, c’est dans nos boissons, c’est partout, y compris dans les régions éloignées des océans.
Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a publié une statistique en 2016 selon laquelle 30 % de tous les poissons contiennent du plastique. Visiblement en eux.
Cependant, cette statistique ne dit pas tout. Car, bien que tous les poissons ne contiennent pas des morceaux de plastique visibles, il est presque certain que la plupart des poissons, la plupart des animaux marins en fait, ont des sous-produits, des produits chimiques provenant du plastique comme justement le phtalate rappelle Maud Fontenoy, dans leur flux sanguin et stockés dans leur graisse où ils s’accumulent et remontent la chaîne alimentaire, jusqu’à nous.
Le poids total du plastique flottant dans nos océans s’approche du même poids que la biomasse totale des poissons dans nos océans. On estime que d’ici 2050, il y aura plus de plastique dans les océans que de poissons, et dans certaines parties du monde, c’est déjà le cas, comme le journal du Guardian.
Le principal problème commence lorsque de petites espèces marines se nourrissent de microplastiques (plus petits qu’une perle) trouvés dans les océans, croyant qu’il s’agit de nourriture. Ces bouts peuvent provenir de micro-perles dans les savons et autres produits cosmétiques. Les microplastiques peuvent aussi provenir de plastiques plus gros qui ont été déchirés par les courants océaniques.
Les plus gros poissons et les animaux marins mangent des poissons plus petits, sur et en haut de la chaîne alimentaire. Plus le poisson est gros, comme le saumon, l’espadon, le thon, etc., plus la concentration de contaminants dans son corps est élevée ; comme les poissons plus gros ont été exposés aux toxines beaucoup plus souvent, d’où l’effet de bioaccumulation.
Ainsi, au moment où les poissons et autres fruits de mer se retrouvent dans votre assiette, qu’ils soient « durablement » capturés, élevés ou sauvages, ils sont sûrs d’avoir des niveaux détectables de BPA – bisphénol A (un sous-produit du plastique), phtalates ainsi que des composants du plastique et du caoutchouc. Malheureusement pour ces animaux et pour tous ceux d’entre nous qui consomment du poisson et d’autres fruits de mer, ces produits chimiques sont cancérigènes, ou favorisent d’autres effets négatifs sur la santé par leurs voies de perturbation endocrinienne.
Pourquoi cela se produit-il ?
La force motrice est l’utilisation du plastique. Comme déjà mentionné, le plastique est dans tout. C’est cette utilisation omniprésente du plastique dans tout, pour tout, pour tout, qui a créé ce problème. Lorsque nous jetons le plastique, il ne se désintègre pas et une partie de ce plastique se retrouve inévitablement dans les mers et océans.
Comment lutter, à titre individuel contre ce fléau pour nos mers et océans ?
Plusieurs solutions existent pour limiter la production et l’usage massif de plastique, dont les phtalates, qui finissent par envahir notre environnement maritime. Ainsi, si vous devez utiliser du plastique, faîtes votre possible pour le réutiliser et/ou le recycler, et l’empêchez ainsi de pénétrer dans nos océans.
Malheureusement, seulement 10 à 20 % de tous les plastiques créés sont recyclés. La grande majorité d’entre eux finissent dans les décharges et, très souvent, dans nos océans.
Autre conseil, pour l’alimentation par exemple : pour la conservation, favorisez le verre ou l’acier inoxydable autant que possible. Au moment d’acheter fruits et légumes, préférez les sachets en papier réutilisables au lieu de ceux en plastique à usage unique. D’ailleurs, toujours concernant fruits et légumes, favorisez l’achat en pots au lieu des conserves pour éviter le bisphénol A.
Bien que la tâche semble ardue, de petits changements peuvent faire une grande différence pour votre santé, la santé de l’océan, la santé de la vie marine et la quantité de pollution dans nos océans, notre atmosphère et notre propre corps.
Les taux de cancer lié aux hormones sont à la hausse, en particulier chez les enfants qui sont les plus sensibles aux substances chimiques perturbatrices du système endocrinien, comme celles énumérées ci-dessus, que l’on trouve dans le plastique.